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Panorama d’Eva Jospin dans la Cour carrée du Louvre

L’œuvre de l’artiste Eva Jospin est présentée jusqu’au 28 août 2016 au cœur de la Cour carrée du Louvre.

Ce panorama est hébergé dans un pavillon conçu comme une architecture artistique : les façades majestueuses du Musée du Louvre se reflètent dans l’habillement à pans coupés de la surface du pavillon.



L’œuvre d’Eva Jospin qui travaille le carton de récupération pour concevoir volume et perspective, présente une forêt dense et mystérieuse, délicate, découpée, ciselée au cutter, troncs et branches dans un jeu de strates superposées, denses et vivants, râpeux comme l’écorce et enchevêtrés comme les feuilles. L’artiste taille, découpe, assemble et superpose les couches de carton qui s’agrègent les unes aux autres dans des bas-reliefs évocateur afin de créer une grotte en trompe-l’œil.

La forêt est le symbole de la nature à l’état sauvage, dans les récits traditionnels elle incarne l’espace de l’épreuve ou du rite initiatique. Le lieu de la rencontre avec soi-même.

« La forêt, c’est un peu comme un film d’amour au cinéma. Cela parle à tout le monde. C’est un sujet fort, un sujet vaste. Chacun en garde un souvenir : un lieu, une histoire, sa propre histoire, etc. Parler de forêt a une dimension générale, voire universelle dans le monde européen.

Dans les contes, on s’y perd, on s’y retrouve. Il en est ainsi aussi dans la vie. Les forêts des mythologies nordiques si importantes auparavant ont disparu. Il s’y joue très souvent, voire surtout, un rapport à l’enfance. La forêt est donc marquée par la nostalgie. Pour moi, c’est un marqueur, une référence qui immédiatement parle à chacun.

Dans le travail de perspective que nous a légué la Renaissance, on parle de ligne de fuite des paysages. Dans la forêt, c’est totalement différent, on n’a ni horizon ni repère. En regardant devant ou derrière soi, tout est caché. Le monde est autre ».
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Le visiteur est invité à entrer dans cette grotte, il ralentit à cause de la pénombre, l’espace qui se réduit, pour s’attarder à l’intérieur du pavillon qui ne peut accepter qu’une douzaine de personnes à chaque visite, entrant à l’intérieur comme l’enfant dans les contes qui n’en perçoit qu’une partie, un détail, celui d’une forêt qui nous montre l’arbre.

L’origine du matériau utilisé par l’artiste tient précisément dans l’unique sujet de ses œuvres : la forêt et son bois. Le carton ondulé, objet pauvre, sans qualité esthétique intrinsèque, matériau banal, de récupération, produit final du travail de la trituration du bois, qui devient insolite une fois sculpté, collé, déchiré, car il dévoile ainsi sa surface et ses cannelures, sa couleur et sa profondeur, tout en ombre et lumière, comme si la matière avait une mémoire.

La beauté et le mystère de ce panorama, éphémère et ambivalent, nous invitent à nous perdre, au delà de l’enchantement, dans les profondeurs de notre imaginaire. Son caractère éphémère et ambivalent nous amène à nous interroger sur notre condition humaine et notre place dans ce monde.


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