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Résidence d’écrivain au Parc de Rentilly

Jacques Jouet, né en 1947 à Viry-Châtillon, a été dix ans animateur culturel en MJC, avant de consacrer sa vie à l’écriture à partir de 1979. Il a écrit de nombreux livres : théâtre, poésie, romans… Il est membre de l’Oulipo depuis 1983. Il est en résidence d’écrivain au Parc de Rentilly.

Situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Paris, en zone rurale, le domaine de Rentilly est le siège de la communauté d’agglomération de Marne-et-Gondoire, mais surtout du parc culturel de Rentilly. Composé de salles d’exposition, d’un centre de ressources documentaires, il est un lieu de vie pour l’art contemporain. Françoise Ascal y a été également accueillie en résidence.

Un monostique paysager est un poème d’un seul vers d’une vingtaine de mots composé sur le motif.

Le 6 janvier 2012, Rentilly

11 h

par deux fenêtres rondes du bureau : le parc et ses ifs — Mélanie est au téléphone — le parc et son séquoia géant

12 h 30

l’hiver, au-dessus du mur d’enceinte, la mise à nu des boules de gui dans les hauteurs et d’un nid peut-être bien

13 h 47

la tronçonneuse a coupé l’herbe sous le pied de la bourrasque, herbe de bois de tilleul et d’un mètre de diamètre

Le 11 janvier 2012, Rentilly

11 h 25

même absent du paysage l’engin broyeur déchiqueteur de souches s’y maintient contre vents et paravents résineux

14 h 28

je suis dos à la grille d’honneur, entre hêtre et non-hêtre, et le soleil fait face qui couche les arbres en leurs ombres

14 h 32

M. le Fendu est un grand séquoïa catastrophe et gueule cassée, à quatre pas du cèdre qui le lui fait par trop savoir

Le 16 janvier 2012, Rentilly

10 h 33

l’hiver des lignes de charmes qui n’ont pas laissé tomber leurs feuilles mortes est aride et je suis curieux du relais

11 h 45

puisque je bénéficie de quatre baies, portes monumentales et vitrées, de ma table je vois une partie du monde actuel

15 h 49

je n’irai pas jusqu’à dire que les quatre hêtres groupés sont un quatuor à cordes même si ces cordes me sont sensibles

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Le 27 janvier 2012, Rentilly

9 h 16

la longue muraille du domaine, pour être totale devrait être si longue qu’elle ne l’est pas, de fait : disparaît dans le sol

12 h 32

les répons au soleil qui se fait passer pour printanier sont le fait d’oiseaux invisibles qui sont peut-être dupes ou pas

15 h 20

le discobole lance un fromage au corbeau du haut du pin ou à un pendu de l’arbre au pendu qui ne pend pourtant pas

16 h 50

le mur est très aveugle de la rue de l’Étang à l’exception de la partie haute (c’est chez moi) côté levant si je ne m’abuse

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Le 29 janvier 2012, Rentilly

12 h 40

le pavillon Carcat, habitation de fée, dont les colombages sont repris un peu plus loin par la seule peinture aux murs

13 h 20

il y a deux poids deux mesures, les feuillus et les résineux, un troisième est l’étai d’un arbre penché : le A scalaire

13 h 22

Maître Corbeau, sur un arbre penché… mais il ne tient dans son bec rien d’autre qu’un croassement tel et sans sens

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