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1001ème jour de Dreamlands, carnet de voyage virtuel d’Olivier Hodasava

Je suis chaque jour avec joie, étonnement, ravissement, le parcours effectué par Olivier Hodasava sur Google Street View à partir de son site Dreamlands : carnet de voyage virtuel.

Hier, Olivier a diffusé une magnifique vidéo pour le 1000ème jour de son carnet, moment particulier, virage important, et pour fêter ce cap à franchir, il a réalisé une vidéo dont le principe prend la forme d’un pari insensé, trouver dans Google Street View des chiffres de 1 à 1000 pour en faire un film. Pari réussi et de très belle manière avec la musique de David Martin Angor qui a composé la musique qui accompagne les images.

Pour le 1001ème jour Olivier a lancé un appel à participation : Il suffit de me faire parvenir une image faite à partir de Street View et que celle-ci soit accompagnée d’une courte légende (200 signes max.).

Voici le résultat : Mille et un voyages.

« Des images de jour, des images de nuit ; des paysages ensoleillés ou couverts ; des villes, des champs, des déserts ; des légendes sibyllines, des récits ; des mots drôles et/ou profonds… »

J’ai choisi une image de Berlin trouvée lors de mes ateliers avec les élèves des MFR d’Indre-et-Loire, pour lesquels je me suis largement inspiré du Carnet virtuel d’Olivier. Je diffuserai le 30 mai le résultat de ces ateliers avec de belles surprises sur l’utilisation de Google Street View.

Une nuit Porte de Brandebourg, à Berlin, je me souviens de la chute du Mur.

En octobre 1989, j’ai vingt ans, je séjourne seul pendant deux semaines à Berlin. Je marche. Je photographie. Je lis. J’envoie des lettres à mes amis. J’écris dans un cahier. Il porte le numéro 26. Terminé quelques jours avant la chute du Mur, le 9 novembre 1989.

Retrouver sur Google Street View une image inédite (de nuit, c’est si rare sur Street View) qui ravive précisément ces souvenirs là, est un moment rare. Ce texte publié par Guillaume Fayard dans la revue myopies, revient sur ce voyage dans le temps : Berlin, fantômes.

Qu’aimes-tu tant dans les départs ? Beau d’écrire, parce cela réunit les deux joies : parler tout seul et parler à une foule. Le geste ne doit pas être une vengeance. Il doit être une calme et lasse renonciation, une clôture de comptes, un fait privé et rythmique. La dernière réplique.

Je veux n’emprunter au monde visible que des forces, non des formes, mais de quoi faire des formes. Les histoires sont peut-être une seule histoire. Le sentiment de la matière même. Et les actes et les phases, non les individus et leur mémoire. Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs. Dans ce problème de la vue qui n’est pas l’important, je me laisse aller aux réflexions. On ne peut rien dire de rien. Je suis ici comme en retrait de ma vie.

La sensation que l’on a d’un objet, capté par la main dont on se sert quotidiennement, se transforme de manière fantastique lorsqu’on s’en saisit de la main opposée. Renversement de situation. Je me sens gauche tout à coup.

Ici, les ruines sont plus que simples souvenirs d’un temps passé. Le temps ne s’est pas arrêté. L’index pointé semble désigner à chaque fois, le même endroit, un point mort. Une insolite distraction. Les gens qui ont trop d’esprit, manque de corps, comme l’on dit du vin.

Dans un café de la StresemanStrasse, un sosie de Rüdiger Vögler, attrape la choppe à pleine main, la secoue vivement et la tape contre le montant de la table plusieurs fois de suite. Je comprends qu’il essaye de la faire mousser. En vain.

Le plus difficile lorsque l’on est seul est de n’avoir personne à qui parler, qui plus est à l’étranger. Assez rapidement on n’a plus de répondant.

On écrit pour être aimé. Parler dans le vide afin de combler le manque d’une voix. Et la ville se confirme grise. Les nuages sombrent.