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Séance 333

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Écrire un texte, une méditation sur l’absence, la mort, la séparation, en plusieurs mouvements, chacun avec son système d’écriture. Passer de courts poèmes au titre rejeté en bas de page à des notes en prose avec une amorce qui se répète en forme d’adresse : je t’écris, et de nouveau à des poèmes. Glisser d’une partie à l’autre très naturellement, la forme épousant au plus près ce qu’il y a à dire, là, maintenant. « Des souvenirs frottés à des mots éparpillés » ce qui, dans nos vies d’êtres de parole, ne peut s’atteindre, ce avec quoi rien ne saurait coïncider.

Le chemin vers la cabane, Claude Chambard, Le bleu du ciel, 2008.

Présentation du texte :

Claude Chambard mène un projet poétique en douze volumes, sous le titre générique "Un nécessaire malentendu", dont les deux premiers volets ont paru en 2002 La vie de Famille et en 2004 Ce qui arrive, également au Bleu du Ciel. Il s’agit dans ce projet au long cours « d’entrevoir ce que la langue, la poésie, la prose » peuvent faire d’une histoire banale, la vie familiale, l’amour, la mort. »

« Qu’abrite une cabane sinon la vive conscience du fait précaire d’exister ? se demande Pierre Parlant dans l’article qu’il consacre au texte de Claude Chambard dans le CCP n°17. Elle se distingue donc d’un refuge immédiat. Reste qu’il faut pouvoir s’y rendre. Les choses se compliquent alors car la cabane semble justement se soustraire à la visite, n’avoir presque aucune consistance, « Je ne sais pas où est la cabane, tu n’es toi-même sûre de rien. » On en viendrait vite à poser que la cabane — le mot, la chose, « des souvenirs frottés à des mots éparpillés » — désigne précisément ce qui, dans nos vies d’êtres de parole, ne peut s’atteindre, ce avec quoi rien ne saurait coïncider. Ainsi s’agit-il seulement de l’approcher — Claude Chambard s’y emploie scrupuleusement de livre en livre —, d’emprunter son chemin — une géométrie pacifiante, des plantes nous y attendent—, sans jamais s’y installer. Cabane serait donc l’autre nom pour penser, moyennant ce « chemin » et l’endurance qu’il suppose, le rapport que nous entretenons avec nous-mêmes, avec le réel aussi bien ; ou encore la preuve que nous ne sommes rien sinon ce rapport même. Et dans l’écart le paradoxe du semblable se manifeste impérieusement, « Car je ne puis plus faire autrement. / Je regarde l’enfant la femme l’enfant. / Je cherche leur ressemblance. » »

Extraits :




« Je t’écris dans la possibilité de la fatigue. Avec des douleurs dedans la nuque. C’étaient nos yeux. Il y a avait du vent, il pleuvait. Je t’écris toutes ces nuits, battues. ça m’affole.

Je t’écris, ce n’est rien. Ce n’est rien, ça ne pèse plus. Je nous invite à la lenteur. La mort est à l’œuvre dans le calme que l’absence autorise. Je t’écris, la fatigue me distend.

Je t’écris. Je suis malade. Je t’écris, l’échec de cette maladie. Chaque phrase me prive du dénouement. Que s’est-il passé ? je ne me souviens pas. L’enfant m’usurpe l’alphabet, me souffle le chemin que je ne sais pas voir.

Pour un regard, un regard habité par l’enfant. Ce regard est l’équarrissage de mes yeux. Je le sais là, dans mon dos, qui me regarde & j’ai peur.

Je t’écris, une certaine pureté de cœur. Sans savoir à quel avenir est promis notre histoire.

Je t’écris, c’est un voyage. Un passage. Je traduis tout cela d’une langue que je ne comprends pas. ça me laisse sans voix, misérable, incertain des retenues de ma mémoire.

Le chemin vers la cabane, Claude Chambard, Le bleu du ciel, 2008, p.34.

Pluie. C’est les doigts dans la bouche, le jour, la venue du bleu. Scansion des couleurs supposés. Le voyage ne sera pas. Il prépare & jette bas. Le dehors n’a jamais été si clair. La terre se fond dans la rumeur du paysage, là ou ça commence, là où la voix se délabre. Fragments d’un sol tapissé de larmes, quelque chose d’infime trouble les racines. La respiration est un aveu.

Le chemin vers la cabane, Claude Chambard, Le bleu du ciel, 2008, p.41.

Auteur :

Claude Chambard est né en 1950 à Dakar, au Sénégal. Son premier pas en France a lieu à Marseille à la descente du bateau. Dès lors, enfance en Bourgogne, adolescence en Franche-Comté. Arrive pour 1968 en Aquitaine. Depuis, vit, lit et écrit à Bordeaux (Gironde) et à Pontlevoy (Loir-et-Cher).

Éditeur, avec Sophie Chambard, à l’enseigne – aujourd’hui en sommeil – de À Passage / Le Coupable depuis 1979. Il dirige la collection Alter & Ego aux éditions de l’Atelier in 8.

Liens :

Le blog de Claude Chambard : un certain malentendu

Présentations du texte de Claude Chambard sur Sitaudis

Article sur le livre de Claude Chambard paru sur Poézibao Extrait du livre Le chemin vers la cabane de Claude Chambard paru sur Poézibao

Biobibliographie de Claude Chambard disponible sur Poézibao Le site des éditions Le Bleu du Ciel

Atelier d’écriture sur Ce qui arrive de Claude Chambard sur Marelle


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