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Séance 279

Cet atelier figure dans l’ouvrage Comment écrire au quotidien : 365 ateliers d’écriture, édité chez Publie.net en version numérique et imprimée : 456 pages, 24€ / 5,99€.

Vous pouvez commander ce livre directement sur la boutique de Publie.net (une manière de soutenir la maison d’édition et ses auteurs) ou en ligne (Amazon Place des libraires, etc.) — et bien évidemment chez votre libraire en lui indiquant l’ISBN 978-2-37177-534-3, distribution Hachette Livre.

Proposition d’écriture :

Composer des poèmes écrits en deux langues, et agencés selon un dispositif en miroir qui aide à déployer tout un jeu de la différence et de la répétition. À travers le dispositif de mise en regard d’un texte et de l’autre, c’est à la collision des deux langues, à leur carambolage, à leur subversion réciproque, que l’on s’emploie. Dérégulation syntaxique, principe d’une mécriture revendiquée. Dérangée, dérangeante, la langue y affirme aussi ses trouvailles et bonheurs. Et c’est le vers qui, dans ces poèmes, permet de rajuster, de racheter les entorses syntaxiques.

Caramboles, Alexander Dickow, Argol, 2008.

Présentation du texte :

« J’ai assailli ma langue étrangère, le français, j’y ai semé les l’on-lit et les qu’on-con, les maladresses, toutes les entorses impossibles », écrit Alexander Dickow dans le texte de la quatrième de couverture. Mais tout autant, ajoute-t-il, « je n’ai craint aucun solécisme, j’ai hérissé l’oreille de ma matraque malapropiste, allègrement j’ai fait clopiner la langue anglaise ».

« Il n’existe pas encore de nom pour désigner ce point limite où le brimbalement le plus farfelu, le plus absurde dandinement devient soudain de la danse. Mais je l’ai cherché dans ce livre, ce point limite. J’ai assailli ma langue étrangère, le français, j’y ai semé les l’on-lit et les qu’on-con, les maladresses, toutes les belles entorses impossibles. Puis j’ai infiltré, sapé, envahi mon autre langue étrangère, l’américain ; je n’ai craint aucun solécisme, j’ai hérissé l’oreille de ma matraque malapropiste, allègrement j’ai fait clopiner la langue anglaise. J’ai tenté en somme de raccorder la langue de travers, comme un lutin de musée qui pencherait les cadres un peu de côté, pour rire. Ça gêne l’œil, l’amateur s’indigne ; on mène la chasse aux injustesses ; on veut rajuster. » A.D.
Ne nous y trompons pas, vu les références à James Sacré, Philippe Beck et Jean-Claude Pinson – qui a d’ailleurs recensé ce livre sur Sitaudis –, cette interrogation en mauvais français est tout à fait significative : c’est une invitation à couper court avec la "poésie sentimentale et naïve" (essai de J.-C. Pinson)… À l’effusion il faut préférer le silence ou le mal dire, autre façon de "composer à sec" – formule de Pinson qui fait écho au lyrisme sec de Beck. L’auteur de ces Caramboles combine en effet les blancs et cette forme de mécrit qu’est le mal-dit : creusant son rapport d’étrangeté à la langue française, cet Américain de trente ans à peine se retourne contre sa langue natale pour la faire déraper. Cette double distorsion linguistique qui relève de l’ADN (Agencement discursif neutralisant) crée un inter-dit où se croisent, s’abîment et renaissent les deux langues. Par exemple, là où l’une fait entendre sa richesse phonique, l’autre dévoile son ingéniosité parodique :

La déconstruction du tout conversationnel fait ici penser aux effets critiques du cut-up. Ailleurs, le discours peut s’empâter et le sens coaguler : celui qui a retenu les leçons des (post)modernes Luca, Tarkos ou Hubaut nous fait alors entendre la difficulté du dire.

Extrait :

« a gap in the rustles

which rumple, tall and sway

by the stinging nestles,

you can pick some nosegay

in a patch where the creek

is dabble and nourish,

and hiatus blossoms peek

out themselves and flourish » (14).
« le râle des genêts

au beau milieu la brise,

on se trouve un jardin

tout répandu d’exquises

poussées drues de soudains

boutons : dehors à l’eau

un hiatus se montre

à justesse et s’éclôt » (15).

Présentation de l’auteur :

Alexander Dickow est né en 1979 à Lexington, dans le Kentucky. En 2003-2004, il a passé une année à Nantes pour préparer un DEA de Lettres Modernes. Il travaille actuellement à une thèse sur la poésie française du XXe siècle. Il a publié des poèmes dans Hapax, MiPOesias, RealPoetik ?, can we have our ball back ? et Sitaudis, revue où il a également traduit des poèmes du poète américain Aaron Belz. Il écrit aussi un blog dans lequel on trouvera notamment des essais sur la poésie.

Liens :

Le blog d’Alexander Dickow

Présentation du livre sur Libr-Critique

Sur Sitaudis, note biographique et liens vers plusieurs textes

Note de lecture de Jean Claude Pinson sur Sitaudis


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